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Les "AI history shorts" : une nouvelle tendance sur les réseaux sociaux

Les "AI history shorts", pour vulgariser des sujets historiques complexes de manière concise et engageante.

Avez vous entendu parler des "AI history shorts", une nouvelle tendance sur les réseaux sociaux. On vous explique tout.

Les "AI history shorts" sont des petites vidéos qui présentent des sujets historiques complexes de manière concise et engageante. Un format qui les rend idéales pour les plateformes telles que YouTube et TikTok, où les utilisateurs raffolent des “snack content”.

Alors que les plateformes privilégient de plus en plus les formats courts et concis, les créateurs de contenus se tournent vers les "AI history shorts" pour interagir avec leur public. Preuve de l’engouement que suscite le format : selon les données de Fiverr, les recherches pour des services de freelances avec le terme "AI history short" ont considérablement augmenté  : + 12 531 au cours des derniers 6 mois. Explications avec Franck Thomas, responsable France de Fiverr, plateforme de mise en relation entre freelances et entreprises.

Pourquoi les "AI shorts" sont-ils particulièrement adaptés à l’Histoire ?

Franck Thomas : Ces formats courts peuvent s'adapter à tout un tas de sujets, mais il est vrai qu’avec l'Histoire, l'Intelligence artificielle trouve un terrain de jeu tout à fait intéressant. On a l’habitude de découvrir et d’enseigner l’Histoire à travers des archives, des tableaux, des retranscriptions écrites d'événements, mais dans un effort de vulgarisation, il est intéressant de pouvoir s’appuyer sur des images. L’Intelligence artificielle est ici très utile pour mettre en mouvement une période ou un moment historique. La diffusion sur les réseaux sociaux et les plateformes vidéo permet à ces moments narratifs d'être accessibles au plus grand nombre. C’est donc un bon moyen de vulgariser l'Histoire à travers un média qui est hyper consommé aujourd'hui : la vidéo.

Les "AI history shorts" sont-ils différents des deepfakes ?

Franck Thomas : Oui, principalement pour 3 raisons. La première, c'est l'intention de la création. Derrière un deepfake, il y a évidemment le “poids moral". Ici, l'intention est toute autre, puisque l’objectif est de vulgariser un moment historique. Les créateurs qui se sont saisis de ces possibilités s'attachent à décrire rigoureusement et le plus fidèlement possible des faits historiques. La deuxième différence concerne l’aspect technique. Avec les IA short, on ne cherche pas forcément à être dans une création qui passerait pour réelle. L'idée est de replonger l'utilisateur dans une ambiance, un fait ou une période historique en s’inspirant d'archives, de tableaux… Cela permet d’avoir des formats beaucoup plus didactiques et pédagogiques que les formats traditionnels, tels que le texte. Enfin, dernier point de différenciation : les outils. On ne crée pas de la même manière. Pour un deepfake, qui consiste à détourner des éléments dans le but de les faire passer pour ce qu’ils ne sont pas, les enjeux techniques sont très forts. L’IA shorts a des enjeux techniques moindres, puisqu’il n’est pas ici question de manipulation, mais de transmission.

Qui sont ceux qui s’approprient ces nouvelles techniques ?

Franck Thomas : Actuellement, ce sont principalement des "adopters" où "early adopters". C’est ainsi qu’on caractérise ceux qui sont dans une démarche d’accomplissement technique. Ils veulent montrer que c'est possible. Dans le cadre des "AI history shorts" ce sont des créateurs de contenu qui ont pour sujet principal l’Histoire. Ils s’approprient les outils par curiosité et un peu par défi. Leur communauté est principalement constituée de passionnés d'Histoire, qui veulent renforcer leurs connaissances ou tout simplement des curieux. La complexité des outils, qui requièrent encore un certain niveau d'expertise, ne les rend pas pour l’instant accessibles au grand public, mais ça ne saurait tarder. Les créateurs de contenu qui n’ont pas un niveau technique suffisant délèguent. Notre plateforme reflète l'augmentation du nombre de requêtes sur les "AI history shorts". On parle d'Histoire, mais cette technologie peut évidemment s’appliquer à d’autres thématiques.

Le format "AI history shorts" est-il propre à la France ?

Franck Thomas : Force est de constater que dans la classe des "early adopters" nous avons plusieurs anglophones qui ont montré que c'était possible. En revanche, dans l'appropriation côté créateurs, et notamment pour les vidéos historiques, on retrouve de nombreuses nationalités. On a notamment un vivier de créateurs français et francophones, comme les youtubeurs Nota Bene ou Cap Hornier. Ils se demandent comment intégrer ces nouveaux formats dans leur ligne éditoriale.

Quels sont les difficultés et les enjeux pour créer des "AI history shorts" ?

Franck Thomas : Générer de longues vidéos via l’IA est coûteux et long. L'effort de création, n'est pas tant d’avoir l'idée, mais avant tout la capacité pour l'IA à générer quelque chose de qualitatif. Dès lors que vous avez un glitch, une anicroche ou une coquille (on ne sait pas trop comment qualifier ces incohérences de l’IA) il faut recommencer. Ces difficultés techniques et de cohérence expliquent pourquoi actuellement nous avons plutôt des formats courts. Le procédé n’est pas suffisamment abouti pour proposer des formats longs et qualitatifs sur des chaînes qui ont un certain niveau éditorial. À titre d’exemple, actuellement, les "IA history shorts" ont des sous-titres. Quand on arrivera à synchroniser la voix et les lèvres, on fera un bon technique significatif. Mon pari, c'est qu'avec des bons freelancers, des bons techniciens, on va pouvoir repousser les limites de la longueur et de la qualité des créations.

Quels sont les retours à ce jour ?

Franck Thomas : Les créateurs de contenus sont généralement bluffés. Côté audience, l’accueil est positif. La "nouveauté technique" est particulièrement commentée. Les techniciens saluent l'exploit, et beaucoup d’internautes, enthousiastes, font des suggestions : "Ce serait encore mieux si tu faisais ça", "Si tu introduisais tel sujet"… Certains relèvent les incohérences de l’Intelligence artificielle. Ils analysent la précision historique : "Est-ce qu'il y avait vraiment tel type d'équipement à l'époque ? Et puis, comme pour toute nouveauté, une petite minorité questionne l’intérêt. "Est-ce que c’est parce qu’il est possible qu’il faut le faire ?" Ce sont des réflexions intéressantes et importantes qui rejoignent le sujet Deepfake. Quelle est l’intention ? Vulgariser ou faire passer une autre vérité ? La ligne de crête éthique est évidemment centrale.

Vous parliez d’incohérence de l’IA. Comment peut-on les surmonter ?

Franck Thomas : C'est tout le talent du prompteur. Ça a l’air simple à faire, mais c'est une courbe d'apprentissage. Aujourd'hui, il existe des experts capables d’introduire dans leur prompt des éléments très précis, tels que la luminosité, le niveau d'éclairage, avec du vocabulaire spécifique à la vidéo ou à la photographie. Certains prompts peuvent faire plusieurs pages.

Quelles sont les compétences nécessaires pour faire des “IA shorts History” ?

Franck Thomas : Obtenir un résultat abouti est complexe. Mettre quelqu’un dans la cuisine d’un grand chef et lui fournir le matériel et les ingrédients ne suffit pas à en faire un grand cuisinier. C'est pareil pour l'IA. Dans le cas de IA history shorts, il faut cumuler deux compétences : techniques et historiques. Mais cette confluence thématique plus technique est rare. C'est le mouton à cinq pattes. Notre plateforme permet de détecter ces profils.

Sur le sujet plus général de l'IA, qu’observez-vous sur votre plateforme ?

Franck Thomas : Fiverr, ce sont 600 catégories qui sont autant de sous-marchés. Sur certains marchés, l'offre et la demande s'équilibrent. Mais de nombreuses catégories sont déséquilibrées. L’IA en fait partie. La demande augmente de manière parabolique l'offre quant à elle est linéaire.

Comment envisagez l'évolution en terme de métier concernant l’IA ?

Franck Thomas : La progression des outils et les capacités de génération à des niveaux de performance élevés vont exploser. Ça aura pour conséquence d’ouvrir des champs de possibles dont on n'a pas encore idée. Ensuite, l’IA, va propulser la génération de contenus à une échelle inédite. Avant même l’IA, la quantité de contenus générés dépassait la capacité d’absorption des humains. Avec les nouveaux outils, la production va être démultipliée. La curation va alors devenir incontournable. Les journalistes auront ici, à mon avis, un vrai rôle de vigie à jouer. Paradoxalement, ils auront probablement besoin d’IA pour les aider. Enfin, tout ce qui représentait une difficulté à opérer à une grande échelle devient beaucoup plus facile. Cet affranchissement des tâches chronophages, laissera davantage de temps pour la création. J'aime bien faire un parallèle avec l’imprimerie pour illustrer le changement d'échelle dans la production de contenu. Le champ de la création va être complètement réinventé et je trouve ça très excitant.

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