“Tu n’es pas moche, tu es juste grosse” c’est le slogan inquiétant que prône une nouvelle forme de TikTokeuses : les créatrices SkinnyTok.
SkinnyTok : la trend TikTok recyclée de Tumblr
Il y a dix ans, Tumblr explosait avec ses communautés "pro-ana", ses images de clavicule saillante, ses citations sur la faim comme preuve de volonté. On pensait cette époque révolue, et pourtant, elle revient aujourd’hui, sous une nouvelle forme : #SkinnyTok.
SkinnyTok : Des vidéos qui glorifient la faim
Sur TikTok, le hashtag cumule des millions de vues. Des jeunes filles, souvent mineures, postent des vidéos où elles documentent leur "transformation", entre coupes de fruits, corsets, os visibles, et phrases du type :
"Tu n’as pas faim, tu t’ennuies."
"Ton estomac t’applaudit."
On appelle ça des mantras, mais ce sont des injonctions à ne pas manger. Et TikTok les pousse comme du contenu "lifestyle".
Une esthétique dangereuse, portée par l’algorithme TikTok
Ce n’est pas juste un effet de mode. C’est un système qui alimente l’exposition à ces contenus. Plus vous regardez une vidéo "skinny", plus TikTok vous en propose. Et même si vous ne cherchez rien, certaines tendances apparaissent dans votre "Pour toi" après un scroll prolongé sur des vidéos bien-être ou alimentation. L’algorithme récompense l’engagement, pas l’équilibre. Et les contenus qui dérangent font cliquer. Donc ils montent.
Des codes qui ressemblent à ceux de Tumblr, mais en pire
Sur Tumblr, on "s’abonnait" à une esthétique. Sur TikTok, on est exposé sans avoir rien demandé. Ce qui rend les jeunes utilisateurs encore plus vulnérables, surtout ceux qui traversent des phases d’instabilité corporelle ou émotionnelle.
Le problème, ce n’est pas juste l’appli. C’est qu’un contenu aussi frontal sur les troubles alimentaires puisse circuler aussi vite, aussi massivement, sans modération cohérente.
SkinnyTok : Et maintenant, on fait quoi ?
TikTok affirme modérer ce type de contenu. Mais tant que des vidéos glorifiant le contrôle extrême, l’obsession de la maigreur et la privation sont visibles en un scroll, le message envoyé reste le même : maigrir = beauté.
Des associations, des professionnels de santé et des créateurs engagés alertent. Mais ce combat reste inégal tant que l’attention, et donc la monétisation, reste du côté du choc visuel.