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Impact

Qwetch calcule son empreinte carbone avec Sweep - Interview croisée

Pour comprendre l’impact généré par ses activités Qwetch utilise le logiciel Sweep.

Pour comprendre l’impact généré par ses activités et identifier les leviers d’amélioration sur sa chaîne de valeur, Qwetch utilise le logiciel Sweep, un outil de comptabilité carbone. Enjeux, défis, faisabilité... Décryptage.

Interview croisée de Rachel Delacour, CEO & co-fondatrice de Sweep et Benjamin Maito, chef de projet RSE de Qwetch.

Qu’est-ce que Sweep ?

Rachel Delacour : Sweep est une plateforme de réduction de données relatives aux émissions carbone et d'autres indicateurs ESG. Elle permet aux entreprises de collecter et analyser des grands volumes de données générées par l’entreprise, en interne et tout au long de sa chaîne de valeur. C'est un logiciel SaaS (Software as a Service) qui permet aux entreprises de mettre en œuvre et de piloter leurs actions climatiques et ESG. En outre, notre solution délivre un reporting fiable, transparent et conforme à la nouvelle directive de l'Union européenne sur le reporting extra-financier des entreprises CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive).

Pourquoi avoir entamé cette démarche avec Sweep ?

Benjamin Maito : Qwetch est une société à mission qui propose des contenants alimentaires réemployables et des Solid Drinks pour s’hydrater sainement avec un impact minimal sur l’environnement. L'entreprise fondée en 2010, est certifiée B Corp. La chaîne de valeur de Qwetch est complexe, avec de nombreuses parties prenantes impliquées dans le processus de fabrication et de logistique pour la création et la vente de nos produits. L'équipe Développement Durable de l'entreprise a identifié le besoin de réunir toutes ces parties prenantes pour travailler sur l'impact global de son empreinte carbone. Parmi les défis que nous nous sommes fixés : déterminer l'empreinte carbone de nos clients. L’ensemble de ces données nécessite une analyse statistique minutieuse afin de produire des résultats significatifs et exploitables. Sweep nous permet de le faire.

Quelle est votre feuille de route et vos ambitions en termes de décarbonation ?

Benjamin Maito : En tant qu’entreprise à mission, nous avons pris l’engagement d’avoir une stratégie de réduction alignée avec les accords de Paris (réchauffement à 1,5 degré d’ici 2100). Pour parvenir à cet objectif, il nous faut réduire (globalement) de 50 % notre empreinte carbone depuis notre 1er bilan carbone réalisé en 2019. Nous nous sommes données pour objectif d'atteindre cet objectif pour 2030. Nos calculs sur la chaîne de valeur via la plateforme Sweep nous permettent de prioriser nos actions.

Quels leviers d'amélioration sur votre chaîne de valeur avez-vous identifié avec le logiciel Sweep ?

Benjamin Maito : Comme beaucoup d'entreprises, le principal levier concerne la fabrication. Nos gourdes isothermes sont fabriquées à base d’inox, un matériau très émetteur. Nous avons donc pris la décision de transitionner la matière première de nos produits vers de l’inox recyclé à 90 %. La simulation réalisée avec Sweep et d’autres sources externes a permis d’estimer que ce changement nous permettrait de baisser l'empreinte carbone de la matière première inox de 58 % par produit.

Comment évaluez les points faibles et les potentiels de réduction des entreprises ?

Rachel Delacour : Les entreprises ont tendance à agir prioritairement sur les scopes 1 et 2 qui sont plus facilement « contrôlables ».  Le premier correspond aux émissions directes de gaz à effet de serre émises par l'entreprise (chauffage, émissions des véhicules de l’entreprise…). Le second aux émissions indirectes et liées à l'énergie (émissions créées lors du processus de production d'un produit). Plus difficile à évaluer, le Scope 3 concerne les émissions indirectes de l'entreprise générées tout au long de sa chaîne de valeur (achat, services, fournisseurs…). Pour l’évaluer, il est nécessaire de collecter les informations auprès des fournisseurs et de connecter ses propres actions avec les leurs. En clair : ton carbone est mon carbone. Ton scope 1 et 2 est mon scope 3 en tant que donneur d’ordre. Il faut donc interconnecter la compréhension des chaînes de carbonation et de décarbonation. Sweep permet de le faire grâce à la donnée. C’est la promesse de la technologie et du digital qui permet d’avoir un outil qui cartographie, estime et simule pour agir sur les business models.

Quelles sont les autres solutions identifiées ?

Benjamin Maito : Au-delà de l’inox recyclé, nous travaillons également sur la mise en place d’une peinture qui passe au lave-vaisselle. En effet, le lavage à la main représente 10,9 % du bilan carbone de notre produit. Il nous faut également fabriquer nos produits en limitant la consommation d’énergie. Cela peut passer par une réévaluation du mix énergétique de la production de nos usines ou par l’utilisation de matériaux recyclés. Nous étudions également les alternatives au transport routier en réorganisant l’activité afin de réduire les distances parcourues en camion.

Le transport des consommateurs pour l’achat pèse pour 30 % de votre bilan carbone. La livraison à domicile est-elle une option envisageable ?

Benjamin Maito : Pour ce qui est de la livraison à domicile, nous avons fait un comparatif e-commerce vs magasin et aujourd'hui, c'est ISO (égal). La réduction passe donc principalement par la sélection de magasins revendeurs (nous n’avons pas de magasin en propre) les plus proches des consommateurs.

Avez-vous mis en place des actions au sein de l’entreprise ?

Benjamin Maito : Pour nos locaux, nous sommes passés à 100 % d’énergie verte en changeant de fournisseurs d’électricité. Nous prenons en charge 100 % des transports en commun de nos collaborateurs. Nous avons également fait installer des bornes de recharge électrique. Le CSE a mis en place des repas zéro déchets et un repas végétarien une fois par semaine.

Comment construire un plan crédible avec Sweep?

Rachel Delacour : Toutes les actions de l’entreprise ont une équivalence carbone. Rien n’émet zéro. La question est de savoir quel type de lunettes on donne aux entreprises pour qu’elles puissent comprendre l’ensemble des informations. Sweep contient toutes les méthodologies des métiers et tous les benchmarks des industries. Ce sont des calculs très complexes. Notre logiciel leur permet de collecter et de mesurer de manière régulière pour prendre des décisions éclairées. Mais mesurer son empreinte n’est pas suffisant. La question est de savoir ce que l’on met en place par la suite. Beaucoup d’entreprises se fixent des objectifs durables, notre outil leur permet non seulement de les comprendre, mais aussi de les piloter et de gérer l’extra-financier de A à Z.

Comment pilotez-vous vos actions ?

Benjamin Maito - Qwetch : Le logiciel Sweep nous permet de collecter de façon automatique l’ensemble des données. Les nôtres et celles de nos fournisseurs. Sweep calcule ensuite l’empreinte carbone. Quotidiennement, nous avons donc un aperçu de nos émissions de CO2. La granularité, essentielle à notre stratégie, permet à notre équipe RSE d’avoir une vision de la répartition des émissions par poste (énergie, déchets, déplacements…). Nous pouvons ensuite comparer avec les autres années et estimer si nous sommes (ou pas) conformes à la trajectoire fixée. Sweep nous permet donc de piloter de façon précise et à l’instant T notre stratégie de réduction.

Comment s’assurer que les données collectées soient correctes ?

Rachel Delacour : Tout est déclaratif, il est donc possible qu’il y ait des erreurs. Ce qui permet de faire que ce déclaratif devienne qualitatif, c’est l’auditabilité. L’important, c’est la manière dont l’outil permet de repérer les incohérences. Grâce à Sweep, le donneur d’ordre peut naviguer dans les datas et demander davantage de granularité. La centralisation des données couplée à l’IA aide à comprendre et à décrypter.

La collecte des données peut-elle être un frein pour vos fournisseurs ?

Benjamin Maito : On signe des contrats de confidentialité et les données collectées ne sont pas divulguées. Nos fournisseurs sont plutôt très intéressés par la démarche parce qu’in fine ils ont de plus en plus de demandes pour collecter ces datas. L’enjeu pour nous est de fiabiliser la donnée. En outre, on est force de proposition auprès d’eux pour mettre en place des axes d’amélioration. On collecte leur data, mais on est aussi capable de faire le chemin inverse pour leur donner en retour le calcul de leurs émissions. C’est intéressant pour eux. À titre d’exemple, nous avons travaillé avec notre fournisseur pour faire installer des panneaux solaires en novembre 2023 sur les toits des usines Qui dit économie de CO2, dit économie d’énergie et donc économie d’argent. C’est de la co-construction. Mais plus largement, le climat et la question de la transition sont des sujets de co-construction.

L’impact de l’entreprise sur l’environnement peut à terme entraver son business model. Les entreprises en ont-elles conscience ?

Rachel Delacour : La CSRD intègre le concept de la double matérialité. C’est comprendre comment son business impacte les sujets environnementaux ou sociaux et comment l’environnement et le social impactent en retour le business. C’est spécifique à l'Europe, mais la directive aura un impact sur de nombreuses sociétés non-européennes qui auraient des opérations en Europe. De nombreux secteurs peuvent aujourd'hui être directement impactés par le changement climatique. La raréfaction des ressources ou de certaines sources d’approvisionnement sont de réelles menaces. Les entreprises doivent en avoir conscience et informer les parties prenantes. Aujourd’hui, on constate que pour certaines entreprises, il s’agit réellement d’un enjeu de survie.

Pour limiter votre impact, la piste de la fabrication en France est-elle envisageable et envisagée ?

Benjamin Maito : Est-ce qu’on aimerait fabriquer en France ? La réponse est Oui. Est-ce qu’on y a pensé : la réponse est encore oui. Est-ce qu’on a essayé : oui. Est-ce qu’on y arrive : Non. L’isothermie est un savoir-faire qui n’a jamais existé en Europe. On ne parle donc pas de relocalisation, mais de créer une industrie et d’importer un savoir-faire. En outre, nos simulations ont montré que produire en Europe (hormis en France) serait, au vu de notre chaine de valeur, plus polluant en CO2 que de produire en Asie.

Comment l’économie bas carbone permet-elle de s’adapter à la transition ?

Rachel Delacour : Avoir conscience des enjeux et des défis, de ses propres points forts et points faibles, permet de transitionner. Les entreprises qui ne prennent pas ces décisions maintenant risquent de rater le virage de la transition vers une économie bas carbone et à terme de disparaître. De la même manière, de nombreuses entreprises qui n’ont pas pris il y a 15 ans le virage de la transition vers une économie digitale ont disparu. Certaines ont réussi à rattraper leur retard. Mais à quel prix ?

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