‍‍‍‍‍‍
Logo Afffect Media - l'actualité du marketing et de la publicité.
Marketing

Cutz veut décarboner le secteur de la vidéo

Avec Cutz, compressez vos vidéos tout en réduisant les émissions de CO2 de 70 %. Même qualité, plus d’impact. Interview.

Cutz propose à tous les acteurs une solution permettant de réduire le poids des vidéos de 70% en moyenne – et leur empreinte carbone d’autant - à qualité égale. Cerise sur le gateau : aucune différence invisible à l'œil nu. Entretien avec Laurent Bréboin, co-fondateur de Cutz.

Pouvez-vous nous parler du PTEF et de votre implication dans ce projet ?

Laurent Bréboin : Le PTEF - Plan de Transformation de l’Économie Française - est une initiative visant à transformer nos industries pour réduire leur impact environnemental. En 2018, j’ai participé à la relecture du volet numérique de ce plan qui concernait la place du numérique dans l’ensemble des industries et notamment l’impact carbone de la vidéo. Nous avions alors identifié que la vidéo représentait une part impressionnante des usages numériques, ce qui a attiré mon attention. L’idée était de se concentrer sur des solutions permettant de résoudre une grande partie du problème avec un effort limité.

Comment êtes-vous passé de cette réflexion à une solution concrète ?

Laurent Bréboin : J’ai un parcours scientifique et business dans le monde des logiciels et des sciences. Cela m’a conduit à explorer des solutions technologiques. Avec un laboratoire de recherche français, nous avons travaillé sur un projet permettant de réduire drastiquement la taille et le poids des vidéos lors de leur encodage, tout en maintenant une qualité perceptible égale. Que ce soit pour de courtes publicités ou des formats plus longs.

Quels sont les principaux cas d’usage de votre technologie ?

Laurent Bréboin : Nous avons identifié 4 cas d’usage principaux :

  1. La publicité : Nous avons nouer des partenariats avec des agences médias comme Publicis, Havas ou Dentsu, qui diffusent des vidéos publicitaires massivement. Ces vidéos ont un impact carbone élevé, et notre solution permet de la réduire considérablement.
  2. Les entreprises : qui utilisent des vidéos pour présenter leurs produits et services, former leurs employés ou communiquer sur leurs sites. Réduire la taille de ces vidéos à grande échelle peut avoir un impact environnemental significatif.
  3. L’audiovisuel : Les groupes audiovisuels comme BFM, FranceTV ou Brut, mais aussi des plateformes comme Disney+ ou Amazon Prime Video diffusent de grandes quantités de vidéos, et notre solution répond à leurs besoins de performance et de qualité.
  4. L’IA générative : Avec l’essor de la création de vidéos par l’intelligence artificielle, nous avons travaillé pour réduire automatiquement dès leur génération le poids des vidéos générées. Cela devient essentiel à mesure que ces technologies se déploient.

Pouvez-vous nous donner un exemple concret de l’impact de votre solution ?

Laurent Bréboin : Prenons une vidéo publicitaire de 16 secondes réalisé par une grande entreprise du CAC 40, diffusée sur plusieurs plateformes et visionnée 53 millions de fois. Grâce à notre technologie, nous avons réduit son empreinte carbone de 70 %, soit l’équivalent de 27 tonnes de CO2 évitées. C’est comparable à 35 allers-retours Paris-New York en avion ou 18 années de pollution d’une voiture thermique. Autre exemple : le documentaire Raizen d’inoxtag. Pendant les 48 premières heures, il a été visionné 18 millions de fois. Si notre solution avait été utilisée dès le départ, cela aurait permis d’éviter 1 600 tonnes de CO2, l’équivalent des émissions annuelles de 1 000 voitures. Ces chiffres montrent l’impact considérable que peut avoir notre technologie.

Votre solution propose deux modes : le mode SaaS et le mode API. Pouvez-vous nous expliquer la différence ?

Laurent Bréboin : En mode SaaS, tout est simplifié : il suffit d’un seul clic pour « glisser-déplacer » une vidéo ou un ensemble de vidéos et récupérer la vidéo légère prête à être diffusée. En mode API, la solution s’intègre automatiquement dans la chaîne de production opérationnelle, par exemple après un logiciel de montage et juste avant la diffusion. L’idée est que notre solution intervient après la post-production, une fois que l’objet vidéo est finalisé, mais avant sa première diffusion.

Comment garantissez-vous l’aspect écoresponsable de votre solution ?

Laurent Bréboin : Tout d’abord grâce à nos processus d’optimisation de la fabrication permettant de limiter les ressources nécessaires (CPU basse consommation, architectures éteintes, algorithmes optimisés,..). Ensuite pour le calcul nous sommes adossés aux références de l’ADEME pour normaliser le calcul des émissions de CO2 par Gigaoctets de vidéo streamée. Cela nous permet d’évaluer précisément l’impact environnemental d’une vidéo diffusée en ligne. Notons que le réseau représente la plus grande part de cet impact, bien plus que le stockage. En effet, une vidéo visionnée 1 million de fois équivaut à 1 millions de téléchargements en comparaison du stockage qui reste unitaire. Grâce à notre solution, nous réduisons la taille des fichiers avant la diffusion, ce qui diminue leur impact à chaque téléchargement donc visionnage.

Est-il possible d’optimiser des vidéos déjà publiée grâce à votre solution ?

Laurent Bréboin : Techniquement, oui, c’est possible. En termes de réduction d’impact carbone, la réponse est également positive. Cependant, cela pose des défis pour les responsables communication et marketing, car sur des plateformes comme YouTube, chaque vidéo a une identité propre liée au référencement naturel (SEO). Une vidéo recréée ou modifiée ne sera plus perçue comme le même objet par ces plateformes, ce qui peut impacter les métriques de performance. Cela dit il y a des avantages tangibles : une vidéo 70 % plus légère consomme moins de bande passante, se charge plus vite, ce qui réduit le taux de rebond et augmente l’engagement.

Quels sont les bénéfices pour les marques, au-delà de la réduction de l’empreinte carbone ?

Laurent Bréboin : Une vidéo plus légère se charge plus rapidement. Par exemple, réduire le temps de chargement d’un dixième de seconde peut augmenter les conversions de 8 % (source Deloitte). Cela signifie plus de visibilité, une meilleure expérience utilisateur, et finalement, plus de ventes pour la marque. Ainsi, notre solution n’apporte pas seulement des économies et une réduction d’impact carbone, mais elle améliore aussi la performance globale des vidéos pour les entreprises. C'est aussi un point fort par rapport à l'algorithme de Google sur la vitesse de chargement des pages. Plus la vidéo est légère, plus ça va être SEO-friendly. Pour l'expérience utilisateur, c'est donc un bonus.

Vous disiez que la compression n'altère pas la qualité. Comment réalisez-vous cette prouesse ?

Laurent Bréboin : Nous avons déposé des brevets. Notre solution est basée sur des technologies complexes. Notons que même si certains fabricants de smartphones proposent des appareils en 8K, l'œil humain est incapable de percevoir des détails aussi fins. Cela signifie que la technologie dépasse largement nos capacités naturelles. Ensuite, nous avons développé des algorithmes de vérification de qualité très performants. Ces algorithmes s'appuient sur des bases existantes, comme le VMAF (un score de qualité développé à l'origine par Netflix), mais nous allons bien au-delà en adaptant la qualité en fonction de l'analyse et de la perception de chaque vidéo.Pour illustrer cela, prenons un exemple. Imaginez une route avec une longue ligne droite, une épingle à cheveux, puis une autre ligne droite. Si vous roulez à 150 km/h sur la ligne droite mais devez ralentir à 40 km/h dans le virage, vous adaptez votre vitesse à chaque segment. Les technologies traditionnelles, quant à elles, optent souvent pour une vitesse constante par sécurité, soit 40 km/h tout au long du parcours, même là où ce n’est pas nécessaire. Avec notre technologie, nous ajustons la qualité localement. Cela signifie qu'au sein d'une même vidéo, si un passage contient des contraintes complexes, nous pouvons nous adapter. Cela permet de maximiser la compression globale tout en préservant une qualité optimale. Résultat : l’utilisateur ne perçoit aucune dégradation, ni artefacts ni macroblocs.

Peut-on parler d’un encodeur vidéo éco-responsable ?

Laurent Bréboin : C'est exactement ça. Nous travaillons sur un processus d'encodage éco-responsable. Actuellement, nous utilisons des encodeurs standards du marché, comme H.264 ou H.265, sur lesquels nous avons intégré nos propres algorithmes basés sur l’intelligence artificielle. Cela nous permet d’aller bien au-delà des capacités initiales de ces technologies. Nous avons choisi cette approche pour garantir la compatibilité avec tous les players vidéo du marché. Cela signifie que les vidéos encodées avec notre technologie peuvent être lues partout, sans nécessiter de logiciel propriétaire. Notre objectif est d’allier innovation et universalité, tout en poursuivant notre développement pour proposer des solutions encore plus performantes et toujours compatibles avec les standards du marché.

La phase d'encodage est-elle émettrice d’émissions carbone ?

Laurent Bréboin : Oui et c’est un sujet sur lequel nous travaillons activement. Notre technologie d’encodage écoconçue est bien plus optimisée qu’une technologie classique. Nous sommes environ cinq fois plus efficients. Cependant, quand on traite des centaines de milliers de vues, cette amélioration peut sembler marginale. Nous insistons pour que nos partenaires adoptent des architectures élastiques. Cela signifie que les serveurs restent éteints lorsqu’ils ne sont pas sollicités et s'activent uniquement au moment où nous envoyons des vidéos ou des spots publicitaires. Ce type de contenu peut nécessiter des dizaines de déclinaisons différentes selon les spécifications techniques : formats (carré, 9:16, 16:9), bitrates, ou encore poids maximum pour garantir leur diffusion sur les réseaux sociaux. Notre technologie permet d’encoder toutes ces déclinaisons en une seule fois, d’activer les serveurs nécessaires, puis de les éteindre immédiatement après. De plus, nous utilisons des CPU bien moins énergivores que celles développées par NVIDIA par exemple. Nos algorithmes réduisent également la sollicitation des serveurs. C’est une approche globale. Nous collaborons avec nos propres serveurs ainsi qu’avec nos fournisseurs de cloud pour optimiser l’efficacité de nos infrastructures.

Les réseaux sociaux sont de gros consommateurs d’énergie, en raison du nombre important de vidéos publiées. À terme, pourriez-vous devenir partenaire des grandes plateformes ?

Laurent Bréboin : C’est effectivement notre ambition ultime : être intégré directement dans les systèmes comme iOS ou Android. Pour donner un ordre de grandeur, on dénombre aujourd’hui 4 milliards de vidéos vues chaque jour sur YouTube, et 8 milliards sur Meta (Instagram et Facebook), soit une vidéo par habitant de la planète. Être intégré à l’origine des processus, c’est une vision idéale. Nous travaillons également sur des cas d’usage spécifiques. Par exemple, il arrive qu’une vidéo initialement de 20 ou 30 Mo doive être compressée à 4 Mo pour respecter les contraintes des infrastructures techniques. Cependant, cela entraîne souvent une perte de qualité inacceptable. Nous avons développé une méthode permettant d’atteindre une qualité perceptible équivalente avec une compression moindre, souvent autour de 6 Mo au lieu de 4. Cela représente une réduction d’impact tout en garantissant une excellente qualité pour les internautes. Cette optimisation permet de réduire les émissions carbones, les coûts d’infrastructure, et d’améliorer l’expérience utilisateur. C’est cette voie que nous poursuivons.

Instagram a récemment annoncé qu’ils dégradaient la qualité des vidéos peu populaires, invoquant des raisons de coûts et de gestion des ressources cloud. Votre solution permettrait-elle d’assurer une qualité optimale pour tous ?

Laurent Bréboin : Avec notre solution, nous pourrions augmenter de 50 % le nombre d'internautes sans consommer davantage de données et sans accroître notre empreinte carbone. Cela signifie un volume vidéo supérieur, avec une meilleure qualité, mais sans augmenter l’impact écologique. Évidemment, certains pourraient soulever l’argument de l’effet rebond, en affirmant que, parce qu’on réduit l’impact environnemental, cela pourrait encourager une surconsommation de vidéos. Mais la question est d’adopter des outils intelligents pour optimiser l’usage, tout en minimisant l’impact global.

La vidéo est indéniablement le format dominant aujourd’hui. Comment concilier cet engouement avec une réduction des impacts négatifs ?

Laurent Bréboin : On ne peut pas aller à contre-courant de cette tendance. La vidéo continuera de se développer. La vraie question est donc de savoir comment le faire de manière responsable. Avec notre solution, il est possible d’offrir une qualité optimale tout en réduisant les ressources nécessaires grâce à une compression avancée.

Votre modèle est actuellement orienté B2B. Envisagez-vous un jour d’adresser directement le marché B2C ?

Laurent Bréboin : Pas directement, mais de manière indirecte, via des acteurs B2C. Par exemple, si nous intégrons notre solution aux plateformes ou logiciels comme Adobe, cela deviendra du B2B2C, touchant ainsi les monteurs, vidéastes ou marketers vidéo. Avec l’essor des outils d’IA générative pour la vidéo, certains modèles s’adressent déjà aux particuliers avec des abonnements accessibles. Nous sommes en discussions avec ces acteurs pour démocratiser notre technologie auprès d’un public élargi. Nous construisons donc un écosystème adapté aussi bien au B2B qu’aux besoins des utilisateurs finaux. Nous voulons que "Cutz" devienne un réflexe pour parler de compression vidéo responsable.

Découvrir Cutz

Lire davantage d'articles

Recevez Le Feuillet
Votre Newsletter marketing hebdo, pour ne manquer aucune actualité.
Il y a une erreur..